sans queue

Servile petite vipère, sans cesse tu siffles à mon oreille, tu soupires ces sons veules en t'entortillant autour de mon cou blanc. Tu laisses des marques rosés d'urticaire sur mon épiderme. Ne te rappelle-tu pas que ma peau est fragile, délicate? Tu la souilles, tu transpires et tu me répugnes. Vilaine petite vipère au sang froid. Tu souris béatement ou tu ouvres la gueule, je ne sais pas. Pourtant, du tréfonds de tes anneaux s'échappe une odeur de charogne. Tu n'as donc pas faim? Mord-moi, qu'on en finisse. Mord comme tu as déjà pu mordre Cléopâtre. Mord ou je m'en remet à la ciguë. Et si je vis encore, c'est que mon âme a un gout trop amer pour plaire aux astres et que je n'aurais pas dû vouloir être immortelle comme le ciel. Si cette immensité ne veux pas de moi, peut-être puis-je me donner à la terre, me faire enterrer vivante avec toi, ma vilaine petite vipère aux écailles couleur de pierre. Tu m'emporteras et ton souffle me tiendra compagnie au fond de mon tombeau, le ventre putride de la Terre, au creux d'une montagne, d'un cratère mort où je puis me noyer dans les bras d'une source.

*

* *

Encore aujourd'hui je dors avec elle autour de ma taille, desséchée depuis des siècles. Vous pouvez encore entrevoir les courbes de mon corps, nettes et rondes le long des routes. Je suis tournée de profil, vous laissant grimper sur mes hanches et parfois me piquer de vos marteau-piqueurs sur mes cuisses. Sans broncher, je poursuis mon sommeil, singeant la mort.

Comments

[toupou]

pas mal ! hi hi hi

salut

toupou